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Les fautes de rythme

Un sujet et une problématique assez récurrentes – on a pu le voir ensemble lors de la première session d’analyse de vidéos de vendredi ! Il s’agit du genre de détail qui accroche vite l’oeil brisant l’harmonie de l’allure. Mais s’il est facile à relever, il s’explique de façon variable et variée et se ne résout souvent qu’au terme d’efforts continus et suivis.

La première question à se poser
Les fautes de rythme se définissent par une irrégularité anormale dans le poser successif des membres, l’allure naturelle s’en retrouve dégradée.
Quand on parle de fautes de rythme la première question à se poser : est-il possible qu’il y ait une atteinte de l’appareil locomoteur ? Selon leur fréquence d’apparition (tous les jours, dès que la séance devient longue (à chaud, ou le lendemain à froid), en début de travail ou seulement de manière sporadique cas moins inquiétant) il peut devenir urgent de tout d’abord contacter son vétérinaire pour des examens approfondis et écarter toute cause physique (contre laquelle on ne peut rien surtout en ignorant d’où elle vient !), sans parler d’équilibrer éventuellement la ferrure et son parage, ou de faire jeter un coup-d’oeil à votre selle d’amour, aussi chère soit-elle, votre cheval mérite le confort le plus optimal.

Traiter les problèmes de rythme au plus tôt quelque soit votre niveau de travail
Ignorer des fautes de rythme longtemps peut conduire à l’apparition de défenses, rétivités insolubles (correction : le cheval peut finir par abdiquer après un certain temps de bataille pour recommencer à résister dès le lendemain… parce que c’est tout de même un animal foncièrement gentil, grégaire et de bonne volonté par nature) et surtout à l’aggravation d’un éventuel problème sous-jacent qui peut devenir un mal chronique et donc impossible à guérir entièrement. S’il ne trouve pas de signe d’atteinte franche osseuse ou tissulaire, faire faire des radios, une visite et une ordonnance pour ajuster le parage ou la ferrure ne sera jamais de l’argent perdu. Si le cheval est posé de travers sur ses fers (qui en prime ne s’usent pas pour s’adapter suffisamment selon son usage mécanique), qu’ils sont trop petits ou pas adaptés, ou encore qu’un maréchal a joué à l’apprenti-sorcier avec ses talons… Mais rassurez-vous, très souvent, rien de tout cela n’est à l’oeuvre, néanmoins à la lumière de ces informations vous comprendrez pourquoi il faut creuser !

Quand les fautes sont liées à l’entraînement
L’autre grande catégorie de causes elle est parfaitement soluble : du travail adapté et un bon entraîneur ! Le plus fréquemment, l’origine des fautes de rythme est un cavalier (ou enrênement, et là c’est triste.) qui ne laisse pas le mouvement passer et le cheval fonctionner « corps entier » à commencer par le maintient dans une attitude où l’encolure est trop courte. C’est particulièrement vite arrivé lorsque le cheval possède un déséquilibre entre la longueur relative de son encolure et du reste de son dos, il devient alors très sensible aux résistances parasitaires de la main et à une attitude figée ou trop courte.

Une attitude fixe, oui mais…
Avoir un cheval fixe n’a rien à voir avec un cheval à l’encolure immobile aux trois allures et dans tous les mouvements et s’il en sort des fautes de rythme c’est même une bonne nouvelle : votre cheval sera un excellent professeur ! Dans la même catégorie on peut aussi considérer tout problème de fonctionnement du cavalier notamment dans son assiette, et de matériel non adapté au cheval (à commencer par la selle).
Et enfin, compromettre la cadence naturelle et l’équilibre du cheval (en le bousculant), lui réclamer une envie de se porter en avant insuffisante (manque d’impulsion) font partie des facteurs majeurs à résoudre d’urgence car ils empêchent totalement toute notion de développement physique et toute sérénité au travail. L’absence de souplesse est en relation étroite avec ces derniers points en tant que 2e marche de l’échelle de progression (parfois première dans la littérature selon l’auteur cité), parce qu’elle n’est pas simplement synonyme de rigidité de l’appareil locomoteur mais aussi de mise en avant de l’inflexion naturelle du cheval (organisation naturelle d’abord dûe au sens du foetus durant la longue gestation, puis qui s’est plus ou moins ancrée avec le temps une fois né selon le suivi dont il a bénéficié).

Équestrement,
Emeline Debuire