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Fondamentaux : La posture du cavalier

Bien que la plupart des cavaliers refusent ce qu’implique leur statut de sportifs, leur posture et leurs actions sont parfois la clé de voûte pour atteindre le plein potentiel de leur cheval. Le pendant est aussi qu’elles peuvent enkyster des problèmes plus profondément que ce qu’ils ne le méritent, rendant leur résolution plus laborieuse.

Diagnostic : localiser les béquilles
Le premier objectif lors de la séance de diagnostic avec un nouvel élève est de trouver ses « béquilles » pour les enlever les unes après les autres, dans un ordre qui lui permettra de fonctionner de façon optimale, et ainsi de mieux laisser fonctionner son cheval, l’incitant à couvrir du terrain, garder son énergie naturelle et surtout prendre son propre équilibre.
Parce que les « béquilles », servent au cavalier, mais deviennent aussi la béquille du cheval. Celle qui gêne un peu aux entournures mais on essaie de faire avec. Sauf que tôt ou tard, ces béquilles deviennent une épine purulente de votre progression…

Exemples courants de compensations
Rêne intérieure comme rêne majeure, cavalier tordu/penché vers l’avant et le côté où il tourne, mauvais centrage du corps et mauvaise répartition du poids entre la gauche et la droite, talons verrouillés vers le bas avec les genoux trop ouverts, la jambe gauche comme « rigide » et incapable d’agir, jambes verrouillées en avant, mains qui se déportent vers l’extérieur sur le cercle, ou encore regard jeté à 90° pour une volte alors que les épaules du cavalier sont tournées dehors… Il y a tellement de variantes ! Très souvent, un schéma de posture se traduit par plusieurs défauts tournés les uns vers la droite, les autres vers la gauche, obligeant le cavalier à surcompenser en permanence et mettant à mal sa stabilité et son liant.

Privilégier la proprioception à la répétition orale
Qui n’a pas passé des heures à entendre qu’il devait changer tel défaut sans que ça ne suffise pendant des années ? Le problème étant, vous répéter indéfiniment un problème ne suffit pas à le solutionner, alors que vous faire ressentir ce qu’il advient directement quand vous libérez ce segment en rééduquant vos muscles dans une meilleure posture. Mon meilleur allié pédagogique ? Faire en sorte que le cavalier puisse expérimenter par lui même un fonctionnement (parfois forcé par un outil pédagogique comme les balles Franklin ou des bandes élastiques) dans lequel il ne peut plus se raccrocher à sa bouée primaire, puis secondaire, etc… Un travail primordial mais long et délicat quand les habitudes musculaires et les automatismes s’accumulent ! Petit à petit on apprend à devenir un cavalier qui monte avec les mains et les jambes, et on désapprend à tenir et utiliser son dos et ses épaules. Sauf que…sans l’opposé, pas d’équitation ni de travail juste…Dommage !

Description du cas en photo
Ici, Charlotte est empêchée de s’appuyer sur un ischion plutôt que l’autre (ce qui est permis par toute surface dure…pensez à une chaise ou une selle : vous pouvez vous asseoir sur une fesse, garder l’autre levée sans perdre l’équilibre : sur une surface fuyante tout déséquilibre latéral est sanctionné et le cavalier se redresse naturellement), après un travail préparatoire pour lui faire prendre conscience qu’elle avait tendance à enlever tout appui sur son étrier extérieur quand elle montait à cheval… Pour aborder et affiner les appuyés avec son jeune Cirocco il était devenu indispensable de se pencher sur la question afin que ce dernier interprète correctement ses aides et ne soit pas gêné dans ce nouveau mouvement.

Sportivement vôtre,

Emeline Debuire