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L’assiette au centre de la performance

L’entraînement du cheval de dressage a pour but son développement moral et physique sain (càd prévention des blessures notamment liées à une usure anormale) et l’optimisation de son fonctionnement. On veut alors de lui qu’il développe progressivement une bonne organisation de sa posture et de sa coordination… Ce qui passe par une bonne organisation de la posture et de la coordination du cavalier afin qu’il influe positivement sur celle du cheval ! Soit le cavalier organise son cheval, soit le cheval désorganise son cavalier et il n’y a pas d’entre-deux.

En statique comme en dynamique, la position du cavalier doit alors être un empilement de blocs bien alignés les uns au-dessus des autres. Le cavalier est dans une position verticalisée, qui si elle était reproduite au sol lui permettrait de rester debout, en équilibre stable et sans tensions négatives (zones de crispation) et donc sans effort inutile.
Le menton est soutenu, les épaules souples et redressées, bien alignées au-dessus du bassin (qui est alors engagé sous la masse et efficient), les coudes au corps et en tension alors que les avant-bras son libres et prêts à donner (en avant), les cuisses sur leur plat et les bas de jambes retombent le long des flancs du cheval souplement : ils ne sont pas dégagés vers l’avant ni bloqués exagérément en arrière. L’alignement vertical des épaules, bassin et talons doit être visible.
Le cavalier peut alors entrer en tension positive, tel un ressort vertical qui se grandit vers le haut et vers le bas, permettant au cheval de se mettre en tension de la même façon en soutenant son garrot via une ligne de rachis connectée : ronde et en tension dans le sens de son élongation. La connection, par ailleurs est la résultante de l’énergie qui provient librement de la poussée des postérieurs jusqu’au franchissement du mors et se caractérise comme sans blocages ou résistances dans l’idéal. Elle permet au cavalier de recevoir via les rênes l’activité des postérieurs afin de la transmettre au dos du cavalier.
Le cavalier est en capacité d’expérimenter lui-même le fonctionnement « corps entier » (ce qui nécessite certes un peu de sueur en fonctionnement à cause de la sollicitation des muscles posturaux !) et son bon équilibre fait de lui un poids facile à porter pour son cheval, prêt à l’influencer positivement sur son propre équilibre. Il peut enfin mettre en oeuvre le fameux « cercle des aides » en illustration dans cet article.
Le cavalier doit pouvoir accompagner souplement les mouvements de son cheval afin de pouvoir agir sciemment sur ceux-ci à son tour.

👊 »NO SEAT, NO HANDS. » 👊 (pas d’assiette, pas de main)

🧨Maintenant, sujet qui fâche, les problèmes de matériel. Parce que oui, entre la théorie et la pratique, outre les litres de sueur, la réappropriation de la coordination du cavalier et sa préparation physique, il y a AUSSI le facteur du matériel et notamment de l’interface que constitue la selle entre les deux individus. Si la priorité est évidemment à l’adaptation du matériel au cheval, il n’est pas viable de passer sur l’adaptation du matériel au cavalier : dans le cas contraire le matériel est un véritable frein à la progression et à son fonctionnement. Le cavalier est-il naturellement assis au-dessus de ses pieds dans la selle qu’il utilise ? Est-il à l’aise pour chausser plutôt long ou se sent-il obligé de raccourcir les étriers exagérément pour sentir son équilibre ? Enfin, ses épaules sont-elles libérées et ouvertes sans qu’il les crispe au niveau postural ? Peut-il monter facilement avec les bras devant lui sans avoir l’impression qu’il va tomber en avant ? Peut-il se mettre facilement sur ses deux ischions et poser ses cuisses à plat ? Est-il naturellement « debout » dans sa selle ou se tient-il plutôt avachi en butée dans celle-ci confortablement (autant le dire, ce n’est pas souhaitable bien qu’en statique très confortable car cela induit un relâchement exagéré !) ?
Si une de ces réponses est non, il y a un problème d’adéquation du matériel et il n’est pas simplement « secondaire ». Si je ne me sens pas à l’aise pour fonctionner et que des tensions trop déséquilibrées sont induites par la selle, mon assiette sera crispée et tous mes efforts exagérés vont contribuer à l’augmentation des blocages et résistances de mon cheval (entre les moments où je me contracte violemment pour trotter enlevé, et ceux où je me relâche complètement sans rester en tension positive)…Et si mon assiette se crispe, mon cheval finit par devenir très vite très distrait à cause du fait que je ne peux pas suivre ses mouvements. Cela peut vite le mettre sur l’oeil et induire des situations fâcheuses qui peuvent faire peur au cavalier par anticipation (ce qui provoque une augmentation du réflexe d’enroulement en position foetale)… on ne se rend jamais assez compte du nombre de chevaux pourtant de nature tranquilles qui sont très électriques une fois en situation de travail, alors que la selle leur est effectivement adaptée, le filet aussi, mais juste leur cavalier leur envoie des signaux d’instabilité permanents qui passent aussi par des mains trop dures, figées ou inconstantes (contact qui lâche).

Cavaliers, prenez soin de votre posture, vous êtes vous aussi une grande priorité !

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