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Quel cheval pour faire du dressage ?

La seule obligation pour qu’un cheval soit capable de se mettre au dressage, cela peut paraître trivial, mais c’est d’être physiquement sain ! Sain, c’est-à-dire, quelles que soient ses éventuelles pathologies locomotrice, qu’il ne soit pas douloureux ou n’a pas de risque accru de blessure s’il travaille. Exit les « si c’est pour du dressage ça va mais pour sauter ça va pas » ! Un cheval qui travaille sérieusement en dressage est réellement mis à l’effort assez vite… Et la première de ses qualités ? Qu’il soit énergique et se porte naturellement en avant ! Il est bien plus difficile d’envisager de porter un cheval quand il s’agit à terme de vouloir l’assoir et le rassembler… 

On peut tout à fait apprendre avec des chevaux aux qualités intrinsèques moyennes pour la discipline même si cela peut paraître moins gratifiant. Gravir l’échelle de progression se fait plus lentement, ce qui rend l’exigence sur le cavalier primordiale. Un cheval plus qualiteux (quoique) permet parfois quelques largesses dans la méthodologie de travail ou la position du cavalier alors que cela aurait un impact dramatique sur un cheval de moindre locomotion. Le cavalier peut alors développer son ressenti, son « sens du cheval » et du développement dans l’échelle de progression pour s’y situer au plus vite.

Mais alors, pourquoi prendre un cheval dit de dressage me direz-vous ? Il faut savoir que le gain de temps et d’énergie sur les bases d’un cheval naturellement équilibré, dans la propulsion ou encore souple, permet de préserver son capital santé ! Moins de temps à répéter les bases nécessaire, plus de temps pour avancer dans les mouvements de plus en plus complexes et à se frotter à leurs problématiques liées. C’est aussi pour cela que certains chevaux se retrouvent en cycles classiques : ces reprises à priori techniques ne nécessitent pas tant de sur-préparation ce qui permet d’être dans les temps et fin prêt lors de la saison.

Que permet l’élevage des chevaux de sport ?
Les chevaux de sport sont souvent élevés par discipline, mais aussi par localités et par stud-books (dans l’élevage moderne, parler de « race » est un peu dépassé pour bien des raisons…). Ils descendent souvent en grande partie de souches de pur-sang anglais, d’ailleurs, mais aussi de races locales d’époque. Beaucoup de stud-books permettent une grande variété de type, de qualités voire de défauts ; avec chacun ses spécificités dans les critères de choix de ses reproducteurs. Cela permet une prédictabilité relative des qualités et défauts des individus, surtout une fois associée au lignage paternel et maternel (souches basses). Les croisements lorsqu’ils sont bien pensés (et que cela fonctionne) permettent d’optimiser l’entraînement car le cheval aurait alors la capacité d’utiliser son corps avec une plus grande aisance naturelle, assorti d’un caractère convenable, ce qui doit rester relatif au niveau de compétition visé. Les chevaux à visée amateur 2 n’ont pas forcément les mêmes qualités que des chevaux d’épreuves pro, ni les mêmes problématiques.

Et les allures dans tout ça ?
La locomotion du cheval doit respecter un bon rythme (qui est la fréquence de poser successive des pieds ; à différencier de la cadence/du tempo qui sont la fréquence de poser successifs d’un même pied) c’est-à-dire surtout 4 temps clairs et égaux dans le pas (idéalement ample, le pas étant l’allure la moins susceptible d’évoluer positivement et la plus facile à dégrader !), et 3 dans le galop.
On doit pouvoir observer une force suffisante dans l’arrière-main et son dos, souvent associée à une cadence lente et une bonne force de propulsion. Un autre point est l’amplitude et la liberté des épaules. La souplesse s’observe souvent avec une réelle capacité à relâcher son dos pour fonctionner. Que le cheval ait des allures extravagantes ou non (et extravagant est souvent plutôt un handicap qu’une qualité) on doit observer ou constater son aisance au travail, par exemple sous la selle avec une facilité naturelle à passer les transitions ou à se ployer des deux côtés sans se tordre. Par ailleurs des transitions aisées surtout chez le jeune cheval présagent de très bonnes capacités à l’engagement et au rassembler. On aime aussi voir des postérieurs réactifs qui en cas de surprise (ou de touche à la badine par exemple) viennent fort sous la masse plutôt que se dégager en arrière.
Cela fait plusieurs points concernant principalement les postérieurs, car parfois des allures plus « élastiques » et impressionnantes montrent en réalité une gestuelle très lente des postérieurs qui peut être un frein réel pour aller au niveau amateur 1 et plus, si le cheval est incapable de tenir une rapidité plus soutenue de ceux-ci dans l’effort.

En tout cas, il n’y a pas de « cheval idéal » ou de « type idéal » ou de « locomotion naturelle idéale » et dieu merci ! Beaucoup de chevaux très différents sont tout à fait aptes à la discipline et chacun ont leurs défauts sur lesquels il faudra rester vigilant. Le reste est affaire d’opportunité, de goût, de sensations en selle…Et de subjectivité !

Sportivement,
Emeline Debuire
www.integre-training.com