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Mouvement à la loupe : l’épaule en dedans (EED)

Décrite en son temps par Nuno Oliveira comme étant l’aspirine de l’équitation, l’épaule en dedans est une pièce maîtresse du dressage. Correctement demandée et exécutée, elle permet d’équilibrer le report de charges du cheval vers son arrière-main, allégeant l’avant-main, via le contrôle des épaules. Très vulgairement (et j’espère que les puristes me pardonneront cet écart), on dit aux épaules de ralentir en demandant aux postérieurs de venir plus en avant sous la masse. C’est un exercice permettant d’affiner la perméabilité du cheval et de le redresser pour gagner en rectitude.

En y repensant, la demi-parade (ou « half halt » en anglais) est une des clés à ce sujet, mais nous j’y reviendrai dans un autre billet.

🛎 Le geste technique 🛎

L’épaule en dedans est un mouvement sur 3 pistes (le postérieur externe suit une première, le diagonal externe une autre, et l’antérieur interne correspond à la 3e piste). Le cheval est incurvé du côté opposé à son mouvement général.

Par l’épaule en dedans, on libère les épaules du cheval tout en renforçant la prise en charge de sa masse par le postérieur intérieur à l’incurvation.

Le cavalier regarde droit dans la direction que son cheval suit, pendant que ses épaules ouvertes, son torse et ses cuisses sont tournées dans la même direction que celle des épaules du cheval afin de pouvoir agir avec le mouvement, et dans le mouvement. Sa jambe intérieure à la sangle pousse le cheval vers la rêne extérieure afin de le garder ployé, et suivant l’angle de son choix, la rêne extérieure agissant en qualité de rêne régulatrice. Sa jambe extérieure, légèrement reculée, reste au contact pour garder les hanches du cheval ployées sous lui. En effet, si le postérieur extérieur s’écarte trop, on perd l’incurvation du cheval (qui va de sa tête jusqu’au bout de sa queue de façon homogène) et il se trouve simplement en travers et non plus en épaule en dedans.

Il faut prendre garde à ne pas exagérer l’incurvation de l’encolure en reculant le bras du côté de la rêne intérieure, au risque de tordre le cheval de façon inégale en incurvant exagérément les cervicales basses et la nuque, au détriment des thoraciques et des hanches plus difficiles à mobiliser (étant incapables de produire une flexion latérale importante).

🛎Les éléments techniques composant l’EED 🛎

Les premières épaules en dedans sont souvent un trop grand mystère pour les cavaliers qui comprennent mal le concept d’avoir le cheval qui avance volontiers ainsi sans qu’on ait à le retenir les épaules vers l’intérieur, ou sans lui chasser directement les hanches pour faire bonne mesure… Or, ce qu’on a peu le temps d’approfondir en général lors des premières gammes, c’est en découpant en étapes ce mouvement qui permet au cavalier de faire des tests et de prendre confiance dans la construction de ce mouvement. La maîtrise de la cession à la jambe est nécessaire, avec la possibilité de régler plus ou moins d’incurvation ou plus ou moins parallèle à la piste. 

Une des constructions possibles de l’EED est comme suit :

1 – La décontraction du latéral interne : obtenir une incurvation qui reste réguière sans contact figé ni avoir à maintenir une traction sur cette rêne, pendant que le cheval reste sur la piste. Le cavalier et le cheval peuvent alors mettre en place la fiabilité et la confiance de la rêne extétrieure, qui présente un contact stable et aide le cadre du cheval a rester fermé sans y être retenu.

2 – La jambe intérieure  et la rêne externe (régulatrice) entrent en jeu afin de créer de l’angle en redressant l’éventuel trop-plein d’incurvation, permettant au cavalier de ne pas agir de façon trop fréquente sur la rêne intérieure qui risque de bloquer le mouvement du postérieur interne (qui a le travail le plus capital avec une plus grande flexion articulaire et prise en charge du plus de poids possible ; s’il ne peut pas se mouvoir librement sans rencontrer la main le cheval se déséquilibre vers l’épaule en diagonale)

3 – La jambe extérieure se rapproche pour contrôler le postérieur du même côté et éviter le désengagement des hanches et la rupture d’équilibre.

🛎 Un point de départ pour la suite 🛎

Une fois que vous maîtrisez l’équilibre de votre cheval dans l’épaule en dedans et qu’il peut se déplacer librement entre vos aides, vous êtes capables de reporter son poids vers son arrière-main grâce à la division d’appuis que le mouvement vous apporte. Le cheval reste disponible dans son latéral intérieur, s’il se durcit prenez le temps de lui faire trouver du confort dans l’épaule en dedans ou s’il se redresse trop tôt coupez votre longueur par une volte pour le décoller de nouveau de votre jambe intérieure de sorte de l’inciter à évaser via celle-ci.

L’épaule en dedans est une version plus nette et plus exagérée de l’épaule en avant (sur 4 pistes, avec un angle plus discret) qui est la façon de monter son cheval dans la rectitude en dégageant du poids de son avant-main.

Par ailleurs, quand votre épaule en dedans est bien calée, avec votre cheval qui se laisse réguler via votre rêne extérieure, vous n’êtes qu’à une résistance supplémentaire dans celle-ci d’engager l’appuyer… Et ainsi de suite, les mouvements en amènent d’autres !

Sportivement,

Emeline Debuire

www.integre-training.com