Les longues-rênes
Question : Ma jument coupe le cercle/la trajectoire d’un côté en longues rênes, que faire ?
Le travail aux longues rênes nécessite quelques étapes qui construisent le contrôle notamment de la trajectoire mais aussi l’acceptation de l’incurvation. En effet, déjà lorsque le cheval coupe le cercle avec une longe vous vous retrouvez bien embêté, alors avec 2 rênes de 8m dans les mains… Aïe ! Voici un petit découpage des difficultés qui devrait pouvoir t’aider
.Attention, le travail aux longues-rênes est potentiellement dangereux pour l’humain et le cheval et doit se faire dans des environnements sécurisés, en veillant à ne pas se mettre à portée de coups de pied.
Quelques étapes générales, que vous souhaitiez en faire en ligne droite (derrière votre cheval, 3/4 arrière ou sur le cercle) pour construire une expérience positive :
1 Mon cheval est-il suffisamment en avant et réactif ?
Pour éviter toute situation dangereuse, pour les longues-rênes (qui encadrent tout de même le cheval des deux côtés, avec du contact, comme le font en plus souple des rênes fixes) il faut impérativement pouvoir reprendre le contrôle du cheval par le mouvement en avant. S’il se bloque, pas de panique, il faut au plus vite l’aider à retrouver le « go » qui l’aidera à se sortir de toute situation qui lui paraît étrange ou complexe. Ne punissez pas un cheval qui jailli un peu vite et récupérez le un peu plus loin, dans le calme. La répétition de transitions entre les allures permet de s’assurer que le cheval reste intéressé par la porte de sortie qui nous arrange : celle devant lui. Donc, à contrôler déjà en longe, et à confirmer lors de la mise aux longues rênes (là encore, j’insiste, c’est la même chose avec les enrênements : il ne faut pas qu’il se sente acculé mais qu’il cherche une solution).
2 Puis-je travailler mon cheval à distance et lui demander d’aller tendre ses rênes/sa longe ?
Effectivement, la grande angoisse des cavaliers commençant à toucher les longues rênes c’est de se retrouver avec un cheval qui se rapproche et 16 mètres de ficelles inutiles et prêtes à être marchées dedans. C’est un exercice qui peut s’entraîner en main avec une longe de 3,5m, en longe mais aussi en longues-rênes (qui devrait être une étape de validation car plus complexe). À tout moment, pouvez-vous demander à votre cheval de s’éloigner de vous pour garder sa longe tendue ? Dans votre attitude et posture générale, n’ayez pas peur d’aller vers lui (au contraire) pour l’inciter à prendre des distances; quand on a du mal à le faire, il est fort possible que vous ayez des moments dans lesquels vous reculez sans y réfléchir. Par exemple, pour lancer votre cheval sur le cercle, ou pour lui demander d’aller plus vite, ou encore pour aller moins vite. S’il se rapproche, n’hésitez pas à monter en énergie en marchant de façon décidée dans sa direction, quitte à ce qu’il accélère en même temps qu’il s’éloigne. Tant que vous gardez en tête votre but, il finira dans la plupart des cas par ne plus accélérer et seulement s’éloigner.
Quand vous le faites reculer au sol face à vous, êtes-vous du genre à le poursuivre, ou pouvez vous lui permettre d’aller jusqu’au bout de la longe avant de vous décontracter, par exemple ?
3 Côte court et côté long
Effectivement, de part leur inflexion naturelle entre autres, les chevaux ont un côté court et un côté long, qui leur permet de surcharger une épaule en se tordant à l’intérieur facilement d’un côté (et là pour demander à changer de main, c’est un peu difficile parfois), mais aussi d’avoir les épaules naturellement à l’intérieur et des trajectoires plus courtes dans l’autre sens. Il n’est pas rare que des chevaux soient tranquilles et sagement incurvés, dans la main dans un sens, alors que dans l’autre ils se redressent, raccourcissent leur encolure et tournent court, échappant ainsi au contact facilement dans le cas des longues-rênes. (là où, avec un enrênement qui est attaché sur eux, ils peuvent essayer sans se soulager de la demande d’incurvation: tourner court ainsi est beaucoup plus inconfortable pour peu que vous leur demandiez d’avancer quand ils coupent !). Une fois les 2 autres étapes revues ou mises à jour, il n’empêche que votre cheval peut s’essayer encore à couper…
Pourquoi, intrinsèquement, on a répondu à la question. Pourquoi ils continuent de le faire ? Parce qu’ils doivent y trouver un confort : celui de se redresser et de se tourner vers l’extérieur en se laissant tomber sur l’épaule intérieure ; et si les rênes se détendent, ils se soustraient totalement à votre demande de posture (alias, incurvation légère vers l’intérieur). Effectivement, il y a plusieurs façons de désamorcer la situation : la mise en avant stable (mon cheval ralentit-il juste avant de tourner ? S’il ralentit, il est plus facile pour lui de raccourcir son cadre, allégeant le contact et lui donnant la latitude de tourner vite), votre posture pour l’envoyer plus loin vers le cercle avant l’endroit fatidique, la tension des 2 rênes un peu plus ferme…Et s’il tourne, une grande réactivité pour que votre contact accompagne la trajectoire sans se relâcher. Tourner court, avec une incurvation notamment prononcée à l’intérieur, est difficile. Si le cheval tourne sans ralentir, gardez le contact orienté vers l’intérieur du cercle en envoyant votre cheval en avant, après quelques tentatives il devrait s’éviter cet effort inutile.
L’orientation vers la droite ou vers la gauche doit être relativement ajustée juste par la position de vos mains sur vos rênes : un peu trop vers l’arrière du cheval, il aura la tête à l’extérieur, un peu trop vers l’avant du cheval, il risque de ralentir ou de couper son cercle pour chercher à se soulager.
4 En ligne droite
En ligne droite, effectivement, il faut garder avec vous un moyen de demander à votre cheval de partir en avant à tout moment sans rompre le contact (effectivement comme tu l’as dit…Prends un fouet d’attelage ou une chambrière avec toi) pour que votre cheval continue en permanence de tendre ses rênes, ce qui vous permet d’avoir une rêne extérieure efficace. Quand vous demandez au cheval de tourner, attention à ne pas prendre sur la rêne intérieure en continu mais de bien la relacher pour le laisser la remplir de nouveau pendant qu’il tourne. C’est la tension de la rêne extérieure et son envie d’aller vers l’avant – comme à cheval- qui vous permet de tourner avec précision. Si vous abusez de la rêne intérieure en y offrant un point d’appui continu, il a alors deux choix pendant qu’il prend appui avec vous dessus :S’échapper sur l’épaule extérieure car il est trop difficile de tourner si l’incurvation est trop prononcée (si son latéral « long » est à l’extérieur)Se jeter sur l’épaule intérieure car il lui est difficile de reporter son poids sur l’autre épaule pour tourner correctement, et l’incurvation lui coûte dans ce sens-là (si son latéral « court » est à l’extérieur).
L’autre risque, beaucoup plus important : que le cheval se laisse plier en deux (avec son côté « long » à l’extérieur) et finisse par s’acculer car coincé et incapable de repartir en avant !
Quand le mouvement se bloque, votre premier réflexe doit être de renvoyer le cheval en avant avec le contact sur les 2 rênes, tête devant lui (et non pliée sur un côté) pour éviter toute situation dangereuse.
Bonus : en cas de « démarrage » impromptu
Si vous êtes derrière votre cheval ou de côté, s’il part en avant, la pire des choses à faire est de s’arcbouter sur les 2 rênes en opposition. Vous lui opposez alors un mur sans place ni temps pour lui de ralentir progressivement, il risque simplement de tenter de passer à travers le mur que vous lui opposez. Vous n’êtes alors plus rassurant, parce que vous ne lui montrez pas une solution à sa portée (notamment s’il a engrangé rapidement beaucoup de vitesse/d’énergie cinétique). Proposez-lui au contraire de partir sur un cercle autour de vous afin de ne plus lui opposer ce mur, et vous n’aurez pas trop de mal à lui faire revenir au calme dans cette situation où il vous voit et qu’il connaît déjà bien pour avoir été déjà longé.
Sportivement,
Emeline Debuire