Emeline Debuire

Après avoir rencontré mon deuxième cheval, achetée pouliche puis débourrée et dressée en basse-école autant que pour les 400 coups, il est devenu clair que toutes les disciplines équestres qui m’ont attirée n’étaient que la poursuite d’un seul et même but : développer une compréhension et une symbiose avec chaque cheval. Le dépassement de soi ultime, où chaque nouvelle situation, chaque nouveau cheval, chaque préparation pour une carrière de sport est un prétexte pour l’appel du challenge et du dépassement de soi. 

Parcours scolaire

Ancienne universitaire, amoureuse des sciences en général et des sciences sociales, en apprendre toujours plus est un moyen d’avancer sur des bases consolidées parfois échelonnées d’avancées et d’innovations pédagogiques comme techniques. Les chevaux ont évolué notamment à travers la sélection (et à grande vitesse, on doit dire !), et pendant ce temps, certaines disciplines scientifiques ont avancé sur d’une part comment apprennent et progressent (ou ne progressent jamais !) les humains, et d’autre part sur comment apprennent et évoluent les chevaux (dans un sens… ou dans l’autre). On a jamais fini d’en apprendre, de réfuter l’usage de certaines pratiques pour les changer, tout comme établir pourquoi d’autres utilisées depuis très longtemps sont efficaces. 

Introduction au dressage

J’ai eu la chance d’être entourée d’un premier entraîneur de dressage passionné, qui n’a pas eu peur de mettre les mains dans le cambouis à l’époque où je montais des pur sang arabes, ni de s’exposer à la concurrence en m’offrant l’opportunité de participer à des stages avec Carlos Pinto. Avec lui, jamais de problèmes, seulement des solutions parfois détournées pour en arriver à dénouer et désamorcer les difficultés… Qui semblaient s’être résolues par magie.

Le dressage, c’est devenu un chemin infini sur lequel on peut passer une vie autant sur des bases si c’est ce qui nous intéresse, que sur le développement physique et mental du cheval que l’on prépare pour les mouvements de compétition de tous niveaux. En rendant le concept même de dressage infini, mon enthousiasme n’a fait que grandir année après année, rencontre après rencontre. En par dressage, j’entends deux axes : celui littéral, du dressage de n’importe quel cheval pour l’aider à durer dans le temps en développant sa communication avec son cavalier. Et celui, implicite, de l’élevage et le choix de chevaux adaptés à certains types ou catégories de compétitions et leur préparation en tant que performance.

J’ai aujourd’hui la chance d’avoir été entraînée par divers cavaliers de Grand Prix en épreuves internationales sur de grosses échéances mondiales afin de construire ma propre pratique et de m’adapter à chaque cheval que j’ai pu présenter. Depuis les premiers chevaux arabes, via des chevaux de studbooks allemands, et pour retourner plusieurs fois à mes amours pour le KWPN sur des stages ponctuels ou du suivi plus régulier auprès de cavaliers tels que Carlos Pinto, Maxime Collard, P. Volla mon tuteur de DEJEPS, Constance Ménard, ainsi que Emma van den Hooven.

À ce jour, après longue une pause suite à la retraite anticipée de ma précédente jument Arisca et sa mise à la reproduction lorsque je travaillais chez Franck Moormann (élevage renommé de chevaux Hannovriens en Basse-Saxe), je prépare une nouvelle jument de 6 ans pour retrouver les terrains de concours et la préparer sur tous les mouvements jusqu’au grand prix. Ainsi, je délaisse enfin les cycles infinis de préparation de jeunes chevaux pour me confronter aux difficultés techniques en concours amateur et pro.

Enseignement

L’enseignement est une construction collective du savoir-faire. Il y a des savoirs, des savoir-faire évidemment et le développement d’un savoir être pour être le plus fiable et le plus juste avec son cheval. Pour que le cavalier devienne à la fois un partenaire et un environnement sain d’apprentissage dont son cheval a besoin pour explorer ses limites et les repousser à son rythme.

Quels que soient vos objectifs, je suis formée à l’optimisation de la performance ainsi qu’à la formation longue durée des couples. En tant qu’entraîneur, il m’est impensable qu’un cours ne permette pas au moins un progrès direct par séance. Qu’il s’agisse de travail à pied et d’éducation, de travail aux longues rênes, de cours de dressage ou de cours de saut d’obstacles. Lorsqu’un cavalier stagne, c’est moins souvent un plafond de verre qu’une étape qui doit s’inscrire dans un apprentissage. C’est le pire moment pour laisser tomber et au contraire une opportunité pour remettre en cause son enseignement immédiatement et de tenter de nouvelles choses pour faire passer des idées. Parfois, c’est qu’une façon d’exprimer l’idée ne lui convient pas et ne lui parle pas. D’autres fois, c’est qu’il a besoin de passer par les sensations pour saisir la notion pleinement. Encore d’autres, c’est que ses problèmes chroniques de posture et d’équilibre ne sont pas pris par leur origine. Aussi… Cela peut être son cerveau qui bloque parce qu’il s’imagine tout bonnement incapable de performer un exercice : il pense tellement que ce n’est pas de son niveau ou qu’il est incongru que son cheval comprenne sans le bloquer de toute part qu’il baisse les bras d’avance…

Dans tout cela, votre entraîneur est là pour que vous gagnez en autonomie, en compétences et en auto-évaluation. Parce que vos progrès et vos performances, vous les devrez avant-tout à vous-mêmes et c’est vous qui devez être capable de les apprécier sereinement en profitant du moment.

Ma pédagogie passe par le développement de la proprioception, c’est-à-dire permettre au cavalier d’apprendre en développant sa conscience de lui-même, afin qu’il puisse ressentir à chaque étape du travail de son cheval des sensations agréables d’équilibre, de mouvements fluides et de communication dans la légèreté. Quels que soient les objectifs ou le niveau de départ d’un cavalier, il a le droit d’apprendre les bons gestes qui lui ouvriront peut-être des portes inespérées sans avoir à mettre un coup de pied dans la fourmilière des fondamentaux le jour où il serait intéressant d’aborder le travail des changements de pied, de la pirouette au galop ou la mise au piaffer…

Le cheval doit aussi progressivement devenir un acteur de sa propre progression, apprendre à ne pas craindre la nouveauté ni de commettre des erreurs. Avec le temps, la meilleure récompense est de voir se dessiner un goût pour aller dans l’effort sans hésiter parce que si son cavalier l’emmène dedans c’est qu’ils vont y être bien et qu’il va avoir le temps de comprendre ce qu’il s’y passe. Ce n’est pas toujours aussi simple et tous les chevaux ne sont pas égaux face à ça. De la même façon, ils ne sont pas égaux dans leurs forces et leurs faiblesses qu’il faut pour nous humains apprendre à apprivoiser pour lui construire un programme adapté à son état physique à un moment T.

En ce qui concerne mon sens de l’éthique de l’entraînement, je vous invite à suivre la vidéo (qui n’a pas de version courte, désolée !) suivante, enregistrée en direct en mai 2021 :