Comment s’assurer de BIEN entraîner son cheval ?
Avant toute chose, je m’excuse d’enfoncer des porters ouvertes : pour bien pratiquer, il faut un cheval physiquement en état de le faire, suivi correctement, et avec un matériel qui lui est adapté. On les voit les petits filous et leur fameuse « selle qui va à tout le monde » ! Une gêne de matériel ou un pincement, ou encore un bras de levier par une ferrure mal adaptée, et c’est le début de problèmes qui ne manqueront pas de venir tôt ou tard…
Pour ce qui est de l’analyse de compétence, il y a tout de même des points qui concernent le cavalier/l’entraîneur du cheval ou du couple, et permettent de prédire, surveiller ou corriger l’évolution générale.
➡️PROGRAMMER et ANTICIPER
Il faut garder en tête que le cheval est un athlète qui mène sa propre existence loin de nos préoccupations. On n’attend pas de lui que sa vie soit entièrement en gravitation autour de la préparation de la saison, alors que ça doit rester la priorité du cavalier de s’organiser de sorte que la situation progresse, tout en lui permettant de mener la meilleure vie de cheval.
En parlant d’organisation, un bon programme ménage l’entraînement selon des périodes de 6 à 8 semaines dont le contenu et l’intensité varie. Il s’agit de préparer les échéances les plus importantes et de permettre à la musculature de se constituer sans porter préjudice aux tissus durs et mous.
La meilleure prévention pour toute dégradation d’une situation par ailleurs, est de rester sérieux en ce qui concerne l’échelle de progression – quoiqu’on ait prévu au départ de travailler, si cela n’est pas dans l’ordre des choses, il faut savoir s’adapter et écouter son cheval.
En équitation, il ne s’agit pas d’action/réaction mais plutôt de déconstruction des blocages mais la compétence commence là où la capacité à démêler les situations de façon durable et non-violente se présente.
➡️OBSERVER
De façon générale, le cheval développe-t-il des comportements différents au travail comme au repos, tels que des signes de stress chronique même légers ou au contraire a-t-il l’air de prendre de l’assurance dans son environnement ? Êtes-vous plutôt dans une dynamique dans laquelle vous chercheriez plutôt à alléger et simplifier l’embouchure ou au contraire vous dites vous qu’il serait juste plus simple de l’enlever ou de la durcir ? A-t-il l’air de prendre de l’assurance en amplitude et dans le poser de ses pieds au travail, ou a-t-il l’air de rester dans sa « petite boîte » ? Crottine-t-il de plus en plus souvent au travail ? Il est un très grand nombre de questions intéressantes à se poser. Être attentif à son cheval et ses feedback est l’un des boulots du cavalier comme de l’entraîneur.
Passons à l’observation dans un sens très littéral et général. Deux outils complémentaires peuvent se rendre utiles, comme se filmer à cheval régulièrement pour se rendre compte de l’évolution du travail, mais aussi pour observer son attitude générale : est-il fermé dans les postérieurs ? Voit-on l’énergie venir de l’arrière-main, traverser tout le corps du cheval souplement et se réceptionner dans la main du cavalier ; ou inversement le cavalier a-t-il oublié de monter de l’arrière vers l’avant et se retrouve-t-il à seulement créer la tension tout seul en ramenant son cheval vers lui ? Il est important de ne pas avoir l’impression visuelle que l’encolure est proportionnellement très courte par rapport au dos en regardant le cheval au travail, quelque soit cette proportion en statique.
Enfin, prendre des photos de son cheval au modèle de temps à autre peut permettre de mieux se rendre compte de son évolution musculaire générale. Est-il de plus en plus disproportionné (encolure et poitrail hypertrophiés vs. ventre ballonné et croupe atrophiée) ou au contraire plus harmonieux, mieux orienté et dessiné ? Sa posture s’améliore-t-elle ou vient-il progressivement se camper un peu plus ?
En photo, une jument qui illustre bien les points à observer : pas de surpoids trop encombrant, ceinture abdominale tonique, arrière-main avec une jolie harmonie musculaire, épaules semblant massives et encolure dessinée. Les postérieurs sont bien descendus sous la masse plutôt que dégagés. (Saloniki, propriété Laureen Quénéhervé)�
➡️CORRIGER
La plus grande préoccupation est d’arriver à démêler la source réelle des difficultés et non d’identifier les symptômes sur lesquels il est inutile voire délétère de s’attarder. Dans l’entraînement d’un cheval, rien n’est jamais perdu ou irréversible !
Par exemple, votre problème pourrait-il se résoudre juste en faisant le point sur l’éducation du cheval sous la selle ? Avant toute autre recherche, le cheval est-il vraiment éduqué (ou resté éduqué) à être devant les jambes du cavalier, ou avez-vous baissé les bras parce qu’il a « toujours été lourd à porter » notamment au pas ? Promouvoir le mouvement en avant comme l’engagement des postérieurs doit être une part intégrante de la construction de chaque séance. Il en va de la préservation de l’intégrité physique de tous les chevaux.