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Réagir face aux défenses

À partir du moment où on travaille avec du vivant, il est logique que nous ayons moultes occasions d’être surpris par des réactions plus ou moins créatives du cheval à une demande. Qu’il soit toujours en apprentissage de ladite demande, ou qu’il ne soit pas prêt à l’exécuter (en termes de motivation et d’anticipation, comme en termes de pré-requis locomoteurs pour l’exécuter), ou encore parce qu’il est confus par d’autres facteurs encore. C’est un processus normal, qui n’est pas réservé aux jeunes chevaux, et qui est même le mode préférentiel d’apprentissage (et doit donc le rester) par essai-erreur.

Par contre, votre réaction à tous ces comportements pas spécialement désirés (voire un peu impressionnants, disons-le) est la clé d’une part pour préserver une relation positive et de confiance avec votre cheval, et d’autre part le principal moteur pour l’extinction ou le renforcement dudit comportement !

La meilleure solution : ANTICIPER pour désamorcer

Votre cheval apprend en permanence, avec vos routines, vos imprécisions chroniques, et construit toujours sur ce qui est déjà existant.

La plupart du temps, comprendre son cheval et a façon dont il fonctionne permet d’adapter son entraînement de sorte qu’il n’utilise pas ses apprentissages précédents à des moments inopportuns mais au contraire de le rendre attentif à ce dont vous avez besoin pour qu’il attende les aides nécessaires. L’ordre d’apprentissage a son importance : par exemple, si vous n’avez pas mis en place le galop à faux, si vous débutez le changement de pied vous risquez d’avoir fort à faire par la suite…Et d’y perdre beaucoup de temps.

Un cheval qui chauffe au galop ou une fois qu’il a galopé peut le faire parfois pour des raisons purement mécaniques : il a trop peu d’activité et d’énergie déployée quand il trotte alors que pour « se lancer » dans le galop il doit compenser un différentiel énergétique parfois colossal. Autorisez-lui une énergie confortable pour pouvoir gérer ses transitions et parfois le feu s’éteint de lui-même : d’un côté on part d’une allure plus tonique (exit les départs depuis un pas dans lequel les pieds traînent au sol, attendez la notion de rassembler pour les faire sinon vous lui apprenez qu’il n’a pour seule solution que de s’énerver et de se jeter en avant pour galoper ; pas vraiment le bel équilibre qu’on aurait envie qu’il développe !) et de l’autre on met le galop à profit pour faire des exercices de décontraction (comme ça cheval et cavalier seront occupés à autre chose qu’à se mettre en opposition et donc créer encore plus de pression !).

Il n’est pas utile de remettre encore et encore votre cheval dans une situation de stress ou problématique qui va par exemple provoquer une défense pour la soigner. La désamorcer étape par étape est la meilleure des cures pour qu’il comprenne qu’il n’a plus besoin de sa défense pour survivre dans un monde hostile. Lorsqu’elle vient du stress et de l’anticipation, décortiquez vos exercices en plusieurs étapes progressives qui vont faire un socle rassurant dans lequel vous n’hésiterez pas à redescendre pour regagner la concentration et la décontraction nécessaire pour réavancer. La progression n’est jamais linéaire, ne vous en faites surtout pas !

💥Attention à avoir des aides claires, cohérentes, et uniques (ayant une distinction de but précise). Lorsque ce n’est pas le cas, il faut que la préparation avant l’exécution de l’exercice rende FACILE au cheval ce que vous souhaitez obtenir.

🧠 Restez toujours concentré sur ce que vous SOUHAITEZ et non ce que vous redoutez qu’il se passe au risque de le provoquer.

❌Que faire si cela se produit quand même ?

Des quiproquos arrivent néanmoins à toutes les séances pour des raisons très variées.

Punir serait une erreur, pour plus de clarté la véritable question est de récompenser quand on a demandé, ne rien faire quand on a pas demandé expressément un comportement.

Le cheval cherche souvent par anticipation à obtenir une récompense (qui peut être une descente de main et de jambe) en offrant quelque chose qu’il sait être efficace dans d’autres situations.

Donc en cas de situation destabilisante parce que le cheval a une réaction un peu trop créative à votre goût, le mieux pour ne pas la transformer en solution est de ne RIEN changer. Gardez vos aides en place, s’il le faut rendez la pression moindre mais ne la supprimez pas ou ne changez pas votre façon de réagir ; vous indiqueriez alors qu’il y a une piste là dedans pour que « ça marche ». Si vous passez au pas à chaque cafouilage, vous risquez d’avoir des petits problèmes chroniques avec le temps. Idem si vous changez d’exercice en cours de route parce que vous n’êtes plus clair dans votre attitude sur ce que vous souhaitez obtenir.

En conclusion, le mieux reste de créer des routines pour vous rendre prédictible, puis les changer pour transposer l’apprentissage terminé dans d’autres situations. Avoir un système de travail clair, lisible et dont la géométrie n’est pas variable est le deuxième volet de l’anticipation de beaucoup de problèmes.

Sportivement,

Emeline Debuire